À Poêle

Victoria Effantin et Cécile Khayat, le duo derrière Mamiche

Dans ce nouvel épisode, nous sommes ravies de recevoir Victoria Effantin et Cécile Khayat, le duo derrière Mamiche.

Avec leurs boulangeries de quartier Mamiche, Victoria et Cécile relèvent au quotidien un défi de taille : travailler de façon manuelle et artisanale, dans un milieu dominé par l’industrie. Dans leurs deux adresses parisiennes, et maintenant chez Mamiche Traiteur, leur nouveau commerce de proximité où acheter des sandwichs addictifs et des bons plats préparés, elles ne cessent de redonner du sex appeal à un milieu qui en manquait cruellement. Chez elles, chacun loue son crush : le chou à la crème pour certains, la babka pour d’autres, ou encore le Mac Mamiche, et les toutes simples et dingo brioches à la fleur d’oranger. Des petits plaisirs qu’on peut s’offrir quotidiennement, aussi délicieux qu’accessibles, et qui cachent, elles le racontent dans l’épisode, un énorme travail derrière. Bonne écoute !

Avec Victoria et Cécile, nous avons parlé de naïveté, d’idées marketing et de miches évidemment.

JG : Quelle drogue mettez-vous dans vos croissants ?

M : Ça, c’est une bonne question mais je crois qu’on a la réponse ! Du beurre, beaucoup de beurre. C’est ça le secret, le beurre.

JG :Vous avez beaucoup joué au début sur le côté féministe, et le jeu de mot, il y avait des choses à dire sur la place des femmes dans ce milieu ?

M : Là c’est en train de changer la boulangerie, y’a de plus en plus de femmes mais à l’époque c'était lunaire quoi. Ils nous voyaient arriver et ils se disaient “mais c’est une blague qu’est ce qu’elles foutent là ?”

JG : “Elles vont rester deux semaines et elle vont repartir…”

M : Exactement, je pense qu’ils nous tendaient des perches un peu pour voir jusqu’où on pouvait tenir “on va la casser en deux et on va voir jusqu’où elle va aller” et puis nous on se faisait un malin plaisir, même si c’était dur, de montrer que c’est possible ! De toute façon, on n’avait pas le choix car si on voulait monter cette boulangerie il fallait le prouver qu’on était capables !

JG : Vous aviez cette idée en tête dès le début ? Vous faites tout ça car c'était le but derrière d’ouvrir votre propre boulangerie ? Ça vous aidait à tenir ?

M : Je pense que c'était le truc qui nous maintenait. En gros, quand c'était difficile et que nous nous appeliions le soir parce que nous avions des stages différents, nous nous disions que finalement, cela n'avait pas d'importance. Il faut passer outre, car nous savons précisément que nous ne voulions pas faire les choses de cette manière. Nous savons que nous voulons faire différemment, et je pense que cela nous a même permis de développer l'idée du respect. Le respect envers les gens au sein d'une entreprise. En voyant certaines conditions de travail et comment nous-mêmes étions traités, cela a renforcé dans notre esprit l'idée qu'il est absolument nécessaire de faire les choses différemment. Il faut absolument créer quelque chose de nouveau, car ces personnes sont tellement habituées à un métier "dans la souffrance" que proposer le même travail dans de bonnes conditions peut tout changer. Finalement, je me dis que si nous avions eu des expériences simples et hyper cool, peut-être aurions-nous été plus négligentes sur cet aspect… Nous nous rappelons souvent mutuellement "tu te souviens chez machin, à quel point c'était difficile". Il ne faut pas reproduire ce schéma, qui est concrètement assez malsain.

JG : Donc toutes vos expériences vous ont permis de concrétiser et construire le projet mamiche et de l'aboutir aussi.

M : Oui très petit à petit. Après y’a plein de fois où on a failli abandonner.

JG : Ah oui quand même ?

M : Oui, notamment une fois où nous avons eu affaire à un potentiel futur fournisseur, presque industriel, qui nous a présenté ses produits. Quand il a vu que nous n'avions pas la même vision, il nous a complètement démontées en insistant sur le fait que nous étions des femmes et que nous n'y arriverions jamais. Il a même ajouté que si nous voulions des enfants, cela serait impossible. Il nous a cuisinées pendant un quart d'heure, et après cette rencontre, nous avons failli abandonner le projet. Nous nous sommes dit : "viens, faisons comme toutes ces personnes qui montent des projets qui ne sont pas vraiment des boulangeries, des endroits hybrides, des coffee shops qui vendent des croissants et changent la carte souvent." Nous avons appelé nos parents en larmes en disant que nous abandonnions, malgré un an et demi de travail sur le projet, car cela n'allait pas fonctionner. Puis, je ne sais plus exactement comment, mais il y a eu un déclic deux ou trois jours après, et nous nous sommes dit qu'en fait, nous n'allions pas abandonner. Après tout, nous étions investies depuis un an et demi, alors nous avons décidé de continuer. Finalement, cela nous a encore plus motivées, mais nous avons quand même essuyé des revers qui ont suscité beaucoup de doutes en nous.

Je crois que c’est 80% des boulangeries qui ne font pas leurs viennoiseries maison, qui choisissent sur catalogue ! Maintenant, il y a même de la viennoiserie irrégulière sur les catalogues, pour faire croire que c’est fait maison.

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Où goûter ce qu’elles ont dans la poêle et dans leur four ?

Boulangerie Mamiche, 45 Rue Condorcet, 75009 Paris
Boulangerie Mamiche, 32 Rue du Château d'Eau, 75010 Paris
Traiteur Mamiche, 19 Rue Bouchardon, 75010 Paris

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A bientôt pour un nouvel épisode d’À Poêle !